PRESENTATION
«Toute exploitation hydro-agricole autonome de taille maîtrisée, individuelle ou collective, économiquement viable et écologiquement durable, aménagée avec des technologies adaptées au savoir – faire local »
Autonome : référence à l’autonomie de gestion sur le plan captage, exhaure et distribution. en ce sens que l’exploitation peut fonctionner indépendamment de toute autre à proximité.
Taille maîtrisée : l’exploitant a la capacité de la mise en valeur de toute son exploitation et de la bien gérer. En ce sens il a la maitrise de la gestion de l’irrigation, gestion des équipements, capacité de se procurer les intrants, gestion parasitaire, gestion de la production, etc.
Individuelle ou collective : exploitation à gestion individuelle ou collective (privée ou communautaire)
Economiquement viable : l’exploitation est rentable, permet de dégager et de perpétuer un revenu c’est-à-dire de manière durable et avec également la capacité d’autofinancement
Ecologiquement durable : intégration harmonieuse de l’exploitation dans le bassin versant avec respect de l’environnement c’est-à-dire faibles impacts négatifs avec des mesures d’atténuation appliquées et, technologies utilisées adaptées au potentiel productif dont ressources en eaux et en terres (en terme de pollutions, de gaspillage d’eau, de gestion de la fertilité, etc.)
Aménagée avec des technologies adaptées au savoir – faire local : appropriation des équipements et infrastructures installés, facilement manipulables par l’exploitant. Ces technologies doivent être adaptées à la capacité d’entretien et de maintenance de l’exploitant ainsi qu’à ses capacités financières (sur le plan disponibilité des équipements/pièces de renouvellement et des maintenanciers/réparateurs, facilité d’entretien, coût relativement faible et accessible à tous, etc.).
- ORIENTATIONS
La Stratégie de la Petite Irrigation du Niger (SPIN) a été adoptée en Conseil des Ministres par Décret n° 2015-168/PRN/MAG du 10 avril2015.
Elaborée à travers un processus participatif et itératif, la SPIN est conçue pour faire face à la diversité d’approches, de types et de modes d’aménagements, des procédures d’appui et de soutien aux exploitants qui caractérisent le sous-secteur de la petite irrigation.
Il s’agit d’un cadre d’harmonisation des approches, de mécanisme de financement et de synergie. La SPIN constitue aussi une plateforme commune de programmation cohérente et rationnelle des activités devant permettre d’alimenter les indicateurs des stratégies de développement du Niger.
La Stratégie de la Petite Irrigation au Niger ambitionne de développer les productions sous irrigation et de contribuer ainsi à lutter contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté. Elle offre ainsi des approches et des mécanismes permettant :
- de contribuer à la gestion durable des ressources en terres et en eaux ;
- d’appuyer les producteurs à mettre en valeur de manière optimale les terres irrigables et ;
- de faciliter l’accès aux marchés des produits issus de la petite irrigation.
- OBJECTIFS
L’objectif global visé est l’amélioration de la contribution de la petite irrigation à l’atteinte de la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Niger.
L’impact, les effets et les produits attendus de la mise en œuvre de la SPIN sont les suivants :
Pour atteindre ces objectifs, des investissements conséquents seront réalisés suivant les normes définies par la SPIN. Parmi les plus importants, on peut citer :
- Aménagement de 56 000 ha de terres irrigables ;
- Réhabilitation de 16 000 ha de terres irriguées ;
- Réalisation de 995 ouvrages structurants et réhabilitation de 365 ouvrages structurants permettant d’accroître la mobilisation des eaux pour la petite irrigation ;
- Protection de 265 000 ha de bassins versants, de 260 km de berges et de 45 000 ha de terres irriguées ;
- Construction de 1 850 km de pistes rurales et de 93 ouvrages de franchissement ;
- Réhabilitation de 1 330 km de pistes rurales.
3. PRINCIPES DIRECTEURS
La SPIN met au devant l’exploitant(e) et repose sur les principes directeurs suivants :
- Le ciblage : la cible directe est l’exploitant individuel (homme, femme et jeune), le groupement de producteurs (associatif ou coopératif), les acteurs des activités connexes à la petite irrigation ou une entité morale pratiquant la petite irrigation.
- L’engagement : caractérisé par une demande motivée de l’exploitant (individuel ou groupement) sur la base d’un principe de participation (financière et/ou physique) au financement de l’investissement :
- L’appropriation viable et durable des aménagements. Le choix de technologies demandées doit être (i) basé sur le critère coût/efficacité et (ii) adapté au potentiel des ressources en eaux, aux conditions agro-pédologiques, à la capacité et à la disponibilité de main d’œuvre et aux capacités financières (endettement, etc.) du demandeur ;
- La décentralisation : les communes constituent les « portes d’entrée » privilégiée dans la mise en œuvre de la SPIN, toutes les demandes doivent y être enregistrées et recevoir un visa (cachet et signature) au niveau communal.
La mise en œuvre de la SPIN repose sur un dispositif institutionnel, des outils de pilotage et de gestion tels que le plan d’actions pluriannuel 2016-2026, le plan stratégique de renforcement des compétences des acteurs de la petite irrigation, le mécanisme de financement, le mémento de la petite irrigation, la stratégie communication et son plan d’actions, etc.
I. Les critères d’éligibilité aux financements
Les activités dans le domaine de la petite irrigation au Niger sont financées sur la base de demandes faites pour le promoteur individuel ou collectif
Selon la situation socio-économique du producteur, deux types de demande sont prévus :
- La demande « normale » ;
- La demande « sociale ».
La demande « sociale » diffère de celle « normale » en ce qu’elle émane d’un groupe vulnérable (sinistrés climatiques, politiques, couches sociales vulnérables).
La demande « normale » d’un exploitant doit contenir les deux éléments fondamentaux suivants qui constituent les critères d’éligibilité :
- Un engagement à la participation à l’investissement et à l’entretien du futur aménagement (ouvrages et matériels d’irrigation). Il s’agit de l’engagement du producteur à réaliser son propre projet. La participation à l’investissement peut être en numéraire et/ou physique (apport de main d’œuvre et d’agrégats) lors de la réalisation des travaux d’aménagement, valorisé sur la base du tarif journalier d’un employé non qualifié (en fonction des tarifs en vigueur dans le pays et la zone d’intervention) ;
- Une garantie foncière de l’espace dans lequel l’investissement est demandée. Le demandeur doit fournir un acte foncier délivré par une autorité compétente, exclusivement la COFO ou le service domanial. Cet acte peut être une attestation de détention coutumière, un titre de propriété, un contrat de location, un contrat de prêt, une attestation de vente ou une donation.
Quant à la demande « sociale », outre les deux éléments fondamentaux de la demande « normale », elle doit contenir l’accord formel du village hôte dans le cas où le groupe demandeur n’est pas installé sur son propre espace.
II. Le mode et les mécanismes de financement
Les réformes opérées pour le financement du monde rural ont conduit à la mise en place du Fonds d’Investissement pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (FISAN) qui comprend trois facilités (3) :
- Facilité 1: relative au crédit agricole ; cette facilité prévoit un rapprochement des acteurs (exploitants, groupements de producteurs,…) et des institutions financières (banques & SFD) partenaires de l’Etat, via un système de crédit adossé à une subvention ;
- Facilité 2: financement des investissements structurants agricoles à charge des collectivités territoriales, à travers les mécanismes de l’Agence Nationale de Financement des Collectivités Territoriales (ANFICT) ;
- Facilité 3: mise en place d’un guichet pour des subventions ciblées orientées vers les populations vulnérables, le conseil agricole, la recherche, le renforcement des capacités des producteurs et de leurs organisations.
Sur la base des orientations du FISAN, d’une analyse des lignes d’intervention des programmes d’appui à la petite irrigation et de l’avant-projet de Loi d’Orientation Agricole, le mode et les mécanismes de financement recommandés dans le cadre de la mise en œuvre de la SPIN sont présentés dans le tableau ci-après et visent à soutenir :
- Les groupes vulnérables, en facilitant leur accès à des aménagements hydro-agricoles collectifs ;
- Les investissements privés et communautaires dans l’aménagement des terres irrigables, la mise en valeur des terres irriguées et la valorisation des produits ;
- Les investissements des collectivités territoriales orientés vers des infrastructures structurantes devant contribuer à accroître le potentiel de production et à faciliter la commercialisation des produits ;
- L’adoption de technologies innovantes contribuant à la préservation de l’environnement.